(Entre-Parenthèses)

En octobre 2016, la jungle de Calais est démantelée. Les migrants mineurs non-accompagnés sont accueillis dans des centres provisoires, des CAOMIE (Centre d’Accueil et d’Orientation pour les Mineurs Isolés Etrangers). Ils arrivent en bus sur tout le territoire français dans des structures temporaires en attendant l’étude de leur dossier par les services de l’immigration britannique.

Apprenant l’ouverture d’un de ces centres près de chez moi en zone rurale et des réactions de la population, il m’est apparu nécessaire de documenter.

D’abord bénévole, j’ai ensuite intégré l’équipe éducative en partageant le quotidien de ces jeunes pendant 5 mois, soit la durée complète d’ouverture de ce CAOMIE. J’ai pu ainsi réaliser un travail en immersion.

Il y a surtout l’attente. L’unique objectif de rejoindre l’Angleterre paralyse, obsède, ne permet aucun mouvement. Un moment entre-parenthèses qui rend fou. Les déplacements du voyage permettent de bloquer les traumatismes dans une nécessité de survivre. Ici, ils ressurgissent. Vide juridique, vide familial, vide de repères.

Ces centres n’ont pas vocation à être pérennes mais leur durée d’ouverture n’est pas connue à l’avance. C’est un challenge pour l’équipe éducative qui doit composer avec la barrière de la langue, dans une situation administrative momentanément bloquée. L’épineuse question de la majorité est là face à ces jeunes traumatisés à qui on demande de raconter plusieurs fois.

Avec une thématique très abordée qu’est celle des migrants aujourd’hui, j’ai souhaité apporter un regard intime et raconter la vie de ce centre depuis l’intérieur.